Thomas
Ton histoire
Dès la 27ème semaine de grossesse, tu manifestais ton désir de sortir.
Maman a dû rester 7 semaines allongée pour que la grossesse se poursuive jusqu’à la 37ème semaine.
Le jour des 37 semaines (fin de la prématurité) tu as décidé de montrer le bout de ton petit nez, c'était le 27 janvier 2000.
Le lendemain de ta naissance, le pédiatre de garde trouva que ton taux d’oxygène dans le sang était un peu faible, il nous conseilla d’aller faire des examens au CHUV, à Lausanne. Nous sommes partis dans la matinée.
Une fois sur place, le docteur Payot, cardiologue te fit une échographie. Tu avais une malformation cardiaque et devais être opéré. Notre bonheur s’écroula. Tu ne rentreras pas avec nous.
Tu fus transféré au pavillon des prématurés, où tu restas jusqu’à ton opération. Les infirmières étaient fantastiques, elles s’occupaient de toi avec énormément de tendresse. Tu devais respirer sous une cloche et étais nourri au biberon. Maman te livrait chaque jour son lait lors de ses visites.
L’opération était fixée au jeudi 3 février. La veille, nous avons été informés que l’opération n’aurait peut-être pas lieu en raison d’une grève des fonctionnaires! Nous étions hors de nous.
Pour finir, le jeudi matin, nous avons reçu un appel: Tu partais au bloc opératoire. Nous sommes tout de suite venus te rejoindre pour discuter avec le chirurgien. L’opération devait durer 5 heures. Elle dura 10 heures.
A 20 heures, les médecins sont venus nous annoncer qu’il y avait une complication inattendue: ton cœur gauche était un peu trop faible.
Pendant la nuit, tu as fait une très grosse hémorragie à cause de la machine qui t’aidait à oxygéner ton sang. Le matin, à notre arrivée ton cas était critique. Tu bloquais ton système sanguin et la machine ne pouvait plus bien faire son travail. Durant la nuit de vendredi à samedi, ton état s’était encore empiré. Une machine faisait le travail de tes reins, une autre celle du cœur. Avec les médicaments, tu ne pouvais pas bouger, pas bouger du tout selon les médecins.
Nous avions senti que tu ne souhaitais plus te battre. Nous sommes montés discuter à la cafétéria. A notre retour, maman t’a embrassé le front, papa te caressait la main. Toi, tu nous as fait le plus merveilleux des cadeaux, tu as ouvert les yeux.
Nous avons décidé de te faire baptiser, ne sachant plus comment faire pour que tu restes avec nous. L’équipe médicale, le docteur, Corinne l’infirmière et le pasteur Nicolas Lang se sont joints à nous. Lorsque le pasteur posa sa main sur ton front, tu ouvris les yeux une seconde fois. Nous avons tous compris que tu nous disais au revoir.
En fin de journée, c’est avec toute l’équipe médicale pour nous soutenir que nous t’avons dit au revoir. Nous avons regardé ton cœur s’éteindre tout doucement.
Il a fallu ensuite expliquer à ta sœur de 2 ans que les médecins n'avaient pas pu te "réparer", comme elle disait, que la petite chambre que nous t'avions préparée avec tant d'amour resterait vide, que tu étais parmi les étoiles... Elle a voulu que tu partes avec ta sucette et le petit chien en peluche qu'elle t'avait offert. Elle les a donc ajoutés dans le petit berceau où tu "dormais". (Nous avons du batailler avec l'infirmière car "ça n'était pas possible de laisser des choses non incinérables" avec toi !)
Puis ont suivi toutes les démarches administratives, les rendez-vous avec les pompes funèbres, les félicitations du voisinage ou les "c'est pour bientôt ce bébé ?" Ben oui, maman n'avait plus de bébé, mais toujours les traces de la grossesse...
Nous avons dû essuyer tout un lot de maladresses, mais avons aussi eu la chance de trouver parmi nos amis, une magnifique écoute.
Le jeudi 10 février, nous avons fait une petite cérémonie pour toi dans un temple. Nos amis ont appris ton histoire avec énormément d’émotion.
Puis la vie a continué... nous avons bataillé pour te donner, ainsi qu'à Laurine, un petit frère. Trois "fausses couches" et une IMG plus tard, Nicolas nous a rejoints. Je vous raconte cela ici...
Thomas, tu n’as été que dix jours parmi nous, mais tu nous as fait découvrir une force que nous ne connaissions pas. Nous t’aimons très fort et ne t’oublierons jamais. Nous avons vécu avec toi des moments de bonheur intense et merveilleux. Notre vie ne sera plus jamais la même.
Tu nous manques!