Ce site n'est plus actualisé, faute de temps et d'énergie.
Si vous avez de l'énergie à offrir, nous vous accueillons volontiers.
Mon histoire
Laure Cohen
En 2019 je suis tombée enceinte… mon compagnon et moi ne nous y attendions pas si vite. Et puis on nous a dit que c’étaient des vraies jumelles, que c’était très fragile, mais que : « nous sommes des professionnels à la pointe de la technologie, tout va bien se passer nous sommes formés chez les meilleurs etc. »… alors naïvement on s’est réjouit d’avoir deux petites filles qui n’allaient jamais connaître la solitude, un soulagement pour nous, deux grands solitaires qui étrangement, au fond, détestent la solitude! Un don du ciel pour des grands enfants qui rêvaient d’une grande famille unie comme on ne l’avait jamais eue. Et puis « c’est une bénédiction », « c’est magique », « c’est naturel et spontané? Waou quelle chance »… on nous confortait dans l’idée que nous étions chanceux et spéciaux! On était sur notre petit nuage plein d’amour!
Et puis un jour, entre la 20 et 21e semaine de grossesse : échographie de routine une semaine après la précédente… le cœur d’une des deux petites filles s’était arrêté et personne n’avait vraiment d’explication claire. A part : c’est comme ça, c’est fragile une grossesse gémellaire « monobi » comme ils disaient. On est pas descendu de notre nuage, on en est tombé violemment et on s’est cassé les deux jambes (au sens figuré), impossible d’avancer… mais obligés d’avancer puisque notre « jumelle esseuléé » comme on dit en français (je préfère le terme anglais « twinless twin ») arrivait. Pas le temps de réparer ses jambes il fallait avancer peu importe la douleur. Et comment faire pour vivre ce paradoxe si puissant? Les opposés même de notre monde : la création de la vie et la mort. J’ai porté la vie et la mort pendant 4 mois. Et on nous disait « vous n’avez même pas encore préparé la chambre? Acheté la poussette? » non, on en avait pas le courage… on arrivait à peine à se réjouir, je ne touchais plus mon ventre, je me sentais coupable de me demander pourquoi Maya et pas Sarah? Quand Maya est née j’ai mis plusieurs jours à l’aimer… et je crois que c’était normal mais je m’en voulais.
Nous sommes une famille unie protégée par notre ange Sarah. Et d’après moi, on n’arrive jamais à atteindre le bonheur absolu si on n’a jamais vécu le malheur. Désormais on vit le bonheur absolu!
Il faut se souvenir et en parler pour se rappeler la chance qu’on a. Sarah est aimée et on pense à elle chaque jour… difficile de ne pas y penser quand je regarde ma fille Maya, je vois aussi Sarah.
Et puis, on a aussi eu Naomi qui vient d’arriver en mai 2021… Maya et Naomi ne seront plus jamais seules et Sarah veille sur elles.
Un jour on m’a dit « oh au moins tu en as une 2e pour te consoler », un jour on m’a dit « ça fait quand même deux mois que vous avez accouché de vos jumelles, mais vous pleurez encore lorsque vous en parlez, je pense que c’est une dépression il faut se faire suivre », un jour on m’a dit « Waou t’es déjà enceinte encore, ta fille n’a que 6 mois! t’as pensé au travail que c’est DEUX enfants si jeunes? », un jour on m’a dit « je suis enceinte, j’espère que c’est pas des jumeaux quelle horreur je survivrais pas c’est trop fatiguant »…. Pour toutes ces phrases qui résonnent dans ma tête, je veux être là pour les parents qui vivent un deuil peu importe leur histoire. On ne comprend que lorsqu’on l’a vécu.
On utilise les mots justes que lorsqu’on connait ceux qu’on aurait voulu entendre.
A tous les petits anges qui nous protègent et qui doivent jouer ensemble dans leur immense chambre d’enfant qu’est le ciel.. une pensée pleine d’amour.
N'hésitez pas à me contacter.
Laure Cohen
076 249 39 37